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Conversation avec Salut C’est Cool @ les Z’éclectiques à Chemillé le 4/04/2015

A l’occasion d’une faste édition des Z’éclectiques, on s’est permis, pour la fin de la « super semaine d’anniversaire des 10 ans », d’aller papoter avec les 4 protagonistes de Salut C’est Cool à la sortie de leur show.

C’est bonhomme allant que l’on enregistre 30 minutes de quiétude cacophonique :

10 minutes que l’on parle ensemble… On se dit que ça peut-être intéressant d’enregistrer… vu qu’on venait là pour ça et qu’on aurait eu du mal à tout retenir :

R.C.A :
– Salut C’est Cool, bonsoir, bienvenue à Chemillé, merci de votre participation et heureux de vous rencontrer dans ce grandiose bâtiment… j’ai lu que vous vous êtes rencontrés par le biais d’école d’art ?

S.C.C :
– Euh pas dans les mêmes écoles.
– Ah si dans la même école mais c’était une prépa, au concours pour les écoles d’art.
– On s’est rencontré dans des bâtiments.
– Un peu comme nous ici.
– Tout le monde se rencontre pas dans des bâtiments…

R.C.A :
– C’est soit à l’intérieur, soit à l’extérieur ; on rejoint le dualisme, le paradoxe… Est-ce que ce n’est pas la source créatrice pour vous ? Au cours du concert j’ai entendu un morceau très « techno minimaliste » qui m’a fait penser à Kraftwerk, qui ont sorti un live s’intitulant « Minimum/Maximum », une formule qui m’avait marqué, et je me demande si elle n’est pas comme un fil rouge dans votre esthétique ?

S.C.C :
– C’est bien vu.
– On nous a déjà dit ça, que c’était très paradoxal tout le temps, entre un côté maîtrisé / un côté pas maîtrisé, un côté bête / un côté pas bête…

R.C.A :
– Est-ce que ce n’est pas l’influence de la cyber-culture, l’Internet qui peut être à la fois l’encyclopédie du monde comme sa plus grande poubelle ?

S.C.C :
– Oui et non.
– Ca peut venir de notre éducation.
– Ou notre manière, nos envies communes de faire des trucs qui se cassent la gueule.
– Oui voilà, peut-être qu’on a envie de faire des trucs comme ça, « Minimum/Maximum »

R.C.A :
– Est-ce qu’il y a un message derrière ?

S.C.C :
– Il y a toujours un message, des choses à communiquer.
– Il y a plein de messages et il n’y a pas un message. Il y a le message qu’il n’y a pas de message, et en même temps il y a des messages assez simples comme de vivre et partager des moments ensemble.

R.C.A :
– Et quand vous voyez toutes ces personnes devant vous en train de danser ? (S.C.C: – ça c’est un message aussi) ça vous fait quoi ?

S.C.C :
– C’est incroyable, tu es toujours surpris.
– J’ai du mal à y croire en fait !
– En même temps, on n’a pas nos lunettes, donc on voit pas très bien.
– Moi je vois bien mais j’ose pas regarder.

R.C.A :
– C’est vrai quelle énergie ! Alors, première question qui m’est venue…

S.C.C :
– Attends tu nous à déjà posé des questions!

R.C.A :
– Vous croyez quoi, c’est comme au ping pong, quelques échanges et c’est parti ! Hier j’ai préparé mes petites notes et j’ai pensé aux questions pendant le concert et donc la première : en quoi S.C.C est un message d’espoir pour la génération post néo-libérale?

S.C.C : (perplexe):
– Toi, tu en es convaincu si tu poses cette question.
– Peut-être devrait-on un peu redéfinir les termes de la question.
– Néo-libéralisme, on peut le remplacer par « capitalisme », « Babylone ».
– Le néo-libéralisme, c’est une branche du capitalisme, c’est sur.
– (plus sérieux) Je ne pense pas parce que le néo-libéralisme c’est un truc super individualiste et euh…
– C’est le gros capitalisme.
– Et je pense, d’une certaine manière, on peut être individualiste puisque l’on fait quelque chose d’assez intime.
– Après on parlait d’économie…
– Donc si on parlait d’économie…
– Donc si on devait parler d’économie, je pense qu’on serait partisan de la décroissance.
– Du fiasco (rires)
– Non, via les choses que l’on fait, il y a une économie de moyen, on n’est pas trop gros budget, donc ça peut faire passer un message.
– Mais quand même, on rentre dans une machinerie qui est que l’on a tous des ordinateurs, des appareils photos…
– Ca reste avec peu de moyen quand même.
– Oui, on n’est pas des jacuzzis mais on est dans cette société là qui est consumériste et on l’utilise dans plusieurs étages.
– Par exemple, on vit de manière confortable, on a chacun un appart…
– On a tous des maisons, des chasses d’eaux, des trucs comme ça…

R.C.A :
– Vous habitez tous dans la même ville?

S.C.C :
– Oui on habite tous à Paris.

R.C.A :
– Justement, je voulais vous poser une question par rapport aux influences… Je suis allé à Paris dernièrement et j’ai visité une expo passionnante au palais de Tokyo.

S.C.C :
– Sur les aimants ?

R.C.A :
– Oui. Alors il y a Takis (artiste qui à bossé sur le magnétisme), superbe… et il y a une autre expo sur des objets entre artistique, esthétique et utilitaire (« Le bords des mondes », à voir jusqu’au 17 mai) où j’ai découvert CKY (Camp Kill Yourself). C’est une série de vidéos initiée à la fin des années 1990, mêlant skate-board, pitreries et cascades. Cela a été crée par le skateur Bam Margera et le réalisateur Brandon DiCamillo, vous connaissez ?

S.C.C :
– C’est les mecs de Jackass ça ?

R.C.A :
– Oui c’est les ancêtres de Jackass… vous l’avez vu ?

S.C.C :
– Non.

R.C.A :
– New Kid Turbo vous avez vu ?

S.C.C :
– Oui mais après avoir commencé à faire de la musique.
– Mais je crois qu’on a tous vu Jackass, du coup je pense que c’est assez intéressant. Alors il y a des choses un peu scatologiques, un peu simples, il y’a des trucs très clash et tout… mais ça reste très drôle, filmé à la maison, entre amis… hmm, Jackass je pense que c’est intéressant.
– Et puis cette recherche d’originalité aussi.
– Une quête.
– On va se faire mal mais on va essayer d’être original.
– D’aller au bout d’un truc.
– Essayer quelque chose que personne n’a fait.

R.C.A :
– Et d’ailleurs même si c’est de la franche déconnade, j’y vois quelque chose de subversif… Vous, à quel point l’êtes vous ?

S.C.C :
– Je sais pas c’est à toi de nous le dire.
– On est en mauvaise position pour juger.
– En tout cas on n’a pas du tout l’impression de faire un truc subversif.
– Au départ, on voulait juste passer de la musique et danser, trouver des paroles… pour écouter d’autres morceaux, différents de ce qu’on écoutait d’habitude ; on voulait créer un truc à nous.
– Si on a fait ça, c’est parce quelque part on cherchait mais on ne trouvait pas cet esprit de fête.
– A part le côté D.I.Y peut-être.
– C’est compliqué à utiliser ce mot.
– C’est un mot un peu grave.
– Il tombe comme une enclume, c’est assez mal approprié pour nous définir.
– On te disait qu’on faisait les choses en mode détente, forcément c’est politique par définition parce que l’on propose des choses, il y a des messages ; ça le devient…
– Mais par procuration quoi…
– On est pas des militants.
– C’est pareil pour l’originalité, on ne cherche pas à l’être absolument, on se sert d’outils, de références de choses que l’on connaît…notre but, c’est pas de faire un truc qui n’a jamais été fait sinon on ferait pas de la techno binaire par exemple.

R.C.A :
– J’ai un autre « gros mot » qui est la philanthropie

S.C.C (enthousiaste) :
– Ah ça va.

R.C.A :
– Ca doit vous être nécessaire parce qu’on va pas se cacher que vous avez une solide base de fan ? J’en ai même subit les dégâts dernièrement…

S.C.C: (surpris et amusés):
– « Les dégâts ».
– Qu’est-ce qu’ils t’ont fait ?
– Ils t’ont bastonné ?
(je leur explique que j’ai mixé en warm-up d’une soirée techno « underground » dans le centre d’Angers et qu’avant la fin de mon set sur un track que j’adore et joue peu, la foule se met à chanter « Salam Aleykoum » aussi fort que le système son. J’ai coupé le son, la foule continuait de chanter à tu-tête, c’était très drôle même si relativement inconcevable. Eux trouvent ça excellent, et très amusés, ils demandent le nom du morceau, tout le monde éclate de rire à la fin de l’anecdote)
– Ah ça va on pensait qu’ils t’avaient fait du mal !

R.C.A :
– Non mais je suis marqué à vie par Salam Aleykoum

S.C.C :
– C’est un super bon morceau pour commencer, on peut dire bonjour, c’est la manière d’accueillir, cela serait difficile de commencer par autre chose.
– On va y arriver.

R.C.A :
– Salut C’est Cool, c’est une catharsis populaire ? Franchement les gens se lâchent ?

S.C.C :
– Pff il a tellement de termes (tout le monde explose de rire).

R.C.A :
– Hahaha désolé j’ai fait des études d’arts aussi.

S.C.C :
– C’est la philanthropie quoi !
– Non attends, catharsis c’est quand tu tapes dans ta télévision et que tu te sens bien ?
– Ca n’a pas de rapport avec la philanthropie…
– Mais ça peut aller avec.
– Ok c’est ça.. moi je dis oui.

R.C.A :
– Bon on va déconner un peu plus alors, j’aimerais que vous me parliez des gastéropodes et je voudrais savoir s’ils vont vaincre le genre humain un jour ?

S.C.C :
– Waouh!
– Je sais pas.
– Ca sera dans longtemps parce qu’ils prennent leur temps; donc on sera peut être pas là.
– Des animaux, comme le cafard, peuvent survivre à des attaques nucléaires, donc c’est possible.
– Je préfère ne pas savoir car ça laisse plein d’hypothèses.
– Ca serait triste de savoir !
– Ouais on garde ça car ça laisse tous les possibles.
– Rendez-vous dans 1000 ans !

R.C.A :
– Vos influences musicales, j’aimerais savoir ce que vous écoutez, par exemple, le morceau en tête la semaine dernière ou si vous avez un Top 3 ?

S.C.C :
– Stéphano Mariano déjà.
– De la techno, de la chanson…
– Oula je sais pas…
– J’en sais rien au fait.. de tout.
– Quand on a commencé S.C.C on avait en référence Dan Deacon et après plein d’autres… Gigi d’Agostino un moment… Après la musique qu’on faisait évoluer aussi.

R.C.A :
– Balavoine? (ils ont tourné un court métrage biographique visible sur leur site).

S.C.C :
– Oui un peu.
– Oui Balavoine qui était là mais depuis longtemps.
– Après, Balavoine il plane tellement loin de ce que nous pourrions faire, c’est magnifique et tout mais je pense pas qu’on peut l’inclure dans nos influences.
– Ca a rien à voir mais on peut écouter quand même…

R.C.A :
– Et quand vous faites une reprise type « Tonton du Bled » du 113, c’est quoi le délire, l’esprit ?

S.C.C :
– L’histoire était rigolote, une bonne histoire avec un bon esprit.
– C’est des chansons qu’on aime, qui nous rappelle des souvenirs.
– Dans l’album de reprises, on voulait parler de plein de choses différentes, musiques différentes et qu’on ne retrouve pas forcément dans les mêmes playlists.
– Et faire découvrir des morceaux aussi.
– C’est pour faire découvrir des morceaux que l’on aime bien.
– C’est intéressant aussi de s’attaquer à des monstres comme ça, comme c’est connue de tous… C’est comme caricaturer la tour Eiffel, tout le monde connaît donc faut faire une reprise assez spéciale. C’est marrant à faire.
– C’est un challenge, il faut voir ce que tu peux apporter.

R.C.A :
– Et le choix des morceaux ?

S.C.C :
– Surtout des morceaux que l’on aimait et que l’on voulait faire partager.

R.C.A :
– C’est pas un peu nostalgique ?

S.C.C :
– Non, il y a de tout, des choses récentes aussi.
-Par exemple, « j’ai du bon tabac », on n’a pas connu le mec qui l’a composé.

R.C.A :
– Et s’il devait y avoir un point commun entre ces morceaux ?

S.C.C :
– C’est nous.
– On a écouté tous ces morceaux.
– Il y’a des paroles.
– On aimait bien les textes aussi.
– On voulait faire découvrir des morceaux et varier dans la proposition.
– Imaginer une playlist protéiforme, la rassembler en la passant par notre machine et de rendre le tout cohérent.
– C’est aussi une sorte d’hommage aux compositeurs de ces morceaux comme Jean Luc Le Tenia ou Dick Annegarn.
– En fait, on a tellement de chance parce que beaucoup de gens vont écouter la musique… Si par exemple demain on s’intéresse à la vitesse de la lumière ou la méditation, les gens pourraient s’y intéresser aussi parce que mine de rien y’a tellement de gens qui sont spectateurs de ce qu’on va pouvoir faire. C’est une place privilégiée pour proposer ça.
– Et les gens deviennent acteurs car ils vont chercher les références, etc.
– Comme ce que l’on fait avec la radio de notre site internet, on met plein de morceaux, ça permet le partage.

R.C.A :
– La radio c’est dans quelle visée, le délire, l’altruisme ?

S.C.C :
– C’est quelqu’un qui nous l’a offerte, il nous a proposé, il a tout codé. Nous on met les morceaux et parfois on parle direct dans la machine et c’est retransmis.

R.C.A :
– Et c’est cool ! (rires) Est-ce que S.C.C est un concept durable, j’entends au vue du business de la musique ?

S.C.C :
– (rires)
– Alors ça c’est comme ton histoire de gastéropode, tu vois trop loin.

R.C.A :
– Vous n’anticipez pas ?

S.C.C :
– Non.
– On est un peu dans le présent.
– C’est durable jusqu’en septembre car on a des concerts jusque là.

R.C.A :
– En tant qu’artiste, vous auriez un aboutissement ?

S.C.C :
– J’ai l’impression que ça n’aboutit jamais.
– On n’a pas d’objectifs préfigurés.
– Tu sais même pas ce que tu recherches. Tu trouves un truc et t’arrives à le nommer mais en fait…
– Après tu te rends compte qu’il y a d’autres choses auxquelles tu commences à t’intéresser, tu vas de fil en aiguille.
– L’objectif c’est ça, c’est de chercher et donc là on est en train d’avoir l’objectif donc l’aboutissement (rires).
– Je crois qu’on aboutit jamais, t’as l’impression que tu pourras pas aboutir ta carrière artistique toi, qu’un moment tu te dis c’est bon je ferme ma gueule, j’ai plus envie de réfléchir ?
– Dans la vie, peut être un moment tu vas te dire « je suis content »…
– Et tu te suicides !

R.C.A :
– Je veux dire arriver à une sorte de sérénité…

S.C.C :
– De se suicider?

(fou rire général)

R.C.A :
– Non quand même pas…

S.C.C :
– Bah si, ça peut l’être pour certaines personnes, j’en sais rien, y’a des gens qui se suicident pour une raison.

R.C.A :
– C’est très subjectif

S.C.C :
– Enfin c’est dommage que si les gens sont content c’est la fin de leur vie, c’est bien de fonctionner avec ce que l’on a…
– C’est bien d’être content.
– C’est bien de savoir quand on est content, de se voir content et de se dire c’est bon, je suis content.
– C’est vrai.
– Ca dure jamais très longtemps.

R.C.A :
– Une ultime question qui concerne le crabe, moi je vous ai découvert grâce à cette figure… Mon petit frère m’a montré.

S.C.C :
– Il t’a fait faire ?

R.C.A :
– Je n’aurais de cesse de m’entraîner, pour moi en soirée, c’est aussi utile que savoir danser le rock ou la valse. Comment vous avez trouvé ça… votre première fois ?

S.C.C :
– (rires) C’est grâce à un pote de Toulouse qui est dans le cirque.
– Au début, il nous a montré ça avec une chaise, en commençant avec une personne adossée à la chaise et à partir de là, les autres peuvent s’asseoir à l’infini (il montre le mouvement)… Et après on a fait des soirées où on essayé sans les chaises.
– Et ça marche.
– Moi j’avais aussi vu la figure dans le journal de Mickey quand j’étais petit, je n’avais pas testé. Mais il y a avait des fiches à la fin, 4 fiches détachables et j’ai trouvé ça… ça s’appelait pas le crabe.
– En ce moment, y’a Gradur qui le fait avec ses potes.
– Mais en mode traction.
– C’est un rappeur et ils font des pompes.
– Des pompes imbriquées les uns sur les autres…

R.C.A :
– Merci à vous ! Bienvenue en Anjou, bonne fin de soirée et pleins de bonnes choses pour la suite.

S.C.C :
– Merci de nous avoir invités.
– Si vous avez d’autres questions, on peut toujours y répondre par mails.
– On est un peu lent car on aime bien se concerter tout les 4.
– Merci les mecs.

// Pour refléter au mieux l’atmosphère du déroulement de cette interview qui s’apparentait plus à une discussion, nous avons choisi de ne pas faire apparaître les prénoms des protagonistes (Membres de Salut C’est Cool au nombre de 4 + Membres de Radio Campus Angers au nombre de 2).

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